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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 22:23

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Sous la plume d'Anne Gilain un article intérressant publié dans le Journal VLAN-Bruxelles du  9 janvier 2012

 

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Eglises désacralisées: guerre des religions ou les marchands au temple?

Héritage culturel et religieux des Bruxellois, les églises sont nombreuses dans la Capitale. Elles ne font guère le plein, c’est certain; leur fréquentation est en baisse depuis des dizaines d’années. Mais le patrimoine existe, et son entretien, forcément, coûte. La question de sa reconversion se pose. Sainte-Catherine a fermé ses portes le 31 décembre. Définitivement.

Le débat n’est pas neuf, il est seulement plus tumultueux depuis quelque temps. Parmi les invités de l’émission «Et Dieu dans tout ça?» (Rtbf), en décembre dernier, le Doyen de Bruxelles, Claude Castiau, a indiqué la position officielle des autorités ecclésiastiques:  le civisme fiscal.  Ce sont tous les contribuables, athées compris, qui supportent les frais des bâtiments chrétiens, alors que les lieux de culte, pour les autres religions reconnues, manquent. En clair, les églises, subsidiées par les impôts, se vident alors les mosquées se remplissent. Et se développeront toujours plus. Selon Félice Basseto, sociologue UCL, les musulmans bruxellois représentent  en effet un quart de la population de la capitale. Pour le Doyen, cette situation injuste risque dans le futur d’engendrer «des réactions frustrées, voire fanatiques». Sans parler des Maisons du Peuple, éternelle parentes pauvres, comme le rappelait  Freddy Thielemans, (PS).

Il faut donc que les églises s’adaptent à la réalité, s’ouvrent, se transforment. Pour le bourgmestre de Bruxelles-Ville, leur réorganisation en plates-formes multicultuelles, en  lieux ouverts aux autres cultes, poserait cependant problème, ne fût-ce qu’au point de vue des représentations iconographiques: les cathos adorent, les protestant pas, les israélites encore moins, alors que les  musulmans, en matière d’image, sont «les plus rabiques». Il faut trouver autre chose.

Et Sainte-Catherine, dans tout ça?
Autre chose, donc. Comme une halle aux fruits et légumes dans Sainte-Catherine. Un marché couvert à la française, au cœur de la Capitale, dans un site bruxellois emblématique et touristique, c’est tentant. Même si le quartier Vismet-Dansaert est malheureusement déjà fort congestionné. «Il est essentiel de conserver le patrimoine d’un passé même abandonné», poursuivait le bourgmestre. Ce marché couvert lui rendrait sa gloire et sa convivialité d’origine puisque, à d’autres époques, les marchands se retrouvaient déjà dans les églises pour y réaliser leurs affaires, et il y rassemblerait du monde. Une chapelle pourrait même y être conservée. C’est ça, ou à terme, «au pire», la démolition. Les derniers jours de décembre, de nombreux visiteurs sont venus jeter un dernier regard, prendre une dernière photo du lieu où ils s’étaient mariés, où l’enterrement de leurs parents avait été célébré, où leurs enfants ont été baptisés. Cette année, ou il y a 60, 70, 80 ans…

Un élément de l’histoire actuelle de Bruxelles
Construite dans la deuxième partie du XIXe siècle sur les plans de Joseph Poelaert, l’église remplace un bâtiment du XIVe siècle, dont il ne reste, au bord de la place, que le clocher baroque; et qui remplaçait déjà une chapelle du XIIe siècle. D’architecture «moindre», au goût du bourgmestre, «et à deux pas de la très belle église du Béguinage», Sainte-Catherine manquerait de paroissiens réguliers «alors que le Béguinage pleure pour en avoir». Certes. Une centaine de chrétiens lors des offices, 350 orthodoxes roumains, en moyenne: la communauté existe. Sans compter les passants qui s’y arrêtent, nombreux, en journée: touristes, Bruxellois, Belges. Le temps d’une pause, ou d’une visite. «Le style de fréquentation des lieux a changé,  mais ils restent fréquentés», confirme Pierre Hargot, «citoyen et chrétien» qui, avec d’autres, a lancé l’association les Amis de Sainte-Catherine lors de l’annonce de la désacralisation de l’église.

Un simple troc commercial?
Les autorités ecclésiastiques ont décidé de remembrer les églises. Sainte-Catherine a donc fermé ses portes le 31 décembre – dans le secret et la précipitation pour  les opposants. La halle, si halle il y a un jour – et à quel prix? – ne devrait pourtant pas voir le jour avant plusieurs années. «Le processus irréversible est engagé», soulignait le Doyen Castiau. Il n’est dès lors pas question de laisser planer la moindre incertitude. Les paroissiens sont priés de se recentrer sur les Riches Claires (et non le Béguinage…). Les Riches Claires  - 350 m2 - rénovées entièrement par la Ville en échange de bâtiments paroissiaux dans lesquels seront construits des logements sociaux. Imparable. D’autant que ces Riches Claires, déficitaires, selon Yvan Nobels, président de la fabrique d’église de Sainte-Catherine, présentent un grand découvert avec la Ville. «Alors que notre église ne lui coûte rien». Mais elle est située dans un site stratégique: il vaut son pesant d’or. Et son poids en image politique et sociale. 350 m2 - les Riches Claires, déficitaires, pour une paroisse remembrée – contre 1.500 à 2.000 m2: Sainte-Catherine. La mariée est  belle.

Une alternative aux oubliettes
Personne ne conteste que la taille de l’église soit totalement inadaptée à la réalité. La fabrique d’église, qui gère l’aspect matériel du fonctionnement de l’église, menait d’ailleurs un travail de fond depuis 4 ans, pour construire un projet de réaffectation viable. «Trois travées auraient été conservées pour les cultes», explique Yvan Nobels. «C’était bien assez. Le reste aurait été démoli pour faire place à du logement, de l’action sociale et une grande salle multiculturelle, pour des mariages, des expositions…». Mais en 3 mois, sans concertation avec le terrain, tout était plié et balayé entre la Ville et les autorités ecclésiastiques bruxelloises. «Autoritarisme, manque d’information, de concertation et de transparence». «Pourquoi fermer le 31 décembre, alors que les orthodoxes, résidents de l’église, célèbrent leurs fêtes jusqu’au 7 janvier!» Sans relogement, elles se pousuivent en plein air, sous les échafaudages.

40 églises se cherchent une nouvelle vocation
Et des investisseurs,  malgré la crise. Ils ne se pressent pas au portillon. La désacralisation partielle de l’église de la Sainte-Famille d’Helmet, à Schaerbeek, n’a fait l’objet d’aucune levée de boucliers. Une partie du bâtiment sera réservée au culte, pour 250 personnes, tandis que la plus grande partie de l’espace devrait – idéalement – être transformée en halle commerciale et évènementielle.
Reconversion aussi pour l’église Saint-Hubert, à Watermael-Boitsfort, immense, et récente, mais non classée. C’est donc à la commune qu’il incombe de restaurer le plus haut clocher bruxellois. Hors de prix. L’édifice se partagera entre culte et logements privés, dans ce clocher et la nef. L’ancienne église de Gésu, à Saint-Josse, sera quant à elle intégrée dans le futur complexe hôtelier de luxe qui devrait être construit à la place de l’ancien couvent jésuite. Elle deviendrait un lieu culturel, complémentaire du Botanique voisin. D’après les Amis de Sainte-Catherine, 40 églises bruxelloises seraient dans le collimateur. Comme le Béguinage, l’église Saint-François-Xavier à Anderlecht ou Saint-Albert et Sainte-Thérèse à Schaerbeek

Ça coûte. Mais qui paie?
Le contribuable, principalement. L’impact financier des églises est différent suivant qu’elles sont classées ou non. Classées, leur rénovation éventuelle est financée à 80% par la Région et 20% par les communes. Beliris, (Etat-Région), l’institution qui subsidie l’image et le rôle de Bruxelles en tant que capitale, peut prendre à sa charge la restauration de bâtiments emblématiques: église Saint-Boniface à Ixelles (2,5 millions euros), église Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek (1,7 million), basilique de Koekelberg (1 million), église Notre-Dame de Laeken (6 millions). Les communes interviennent également pour soutenir le fonctionnement des églises situées sur leur territoire, quand la fabrique d’église n’arrive pas à présenter un budget en équilibre. Cela n’est pas le cas à Sainte-Catherine, dont le budget présente un excédent de 20.000 €. «Le subside de fonctionnement alloué par la Ville aux églises est de 155.000 € sur un budget ordinaire 2011 de 657,5 millions», précise Pierre Hargot. «Cela représente..?0,02%».

Anne GILAIN

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commentaires

C
<br /> Oui, l'entretien des églises peut représenter un certain montants pour certaines communes. Mais n'oublions pas pourquoi l'Eglise a obtenu un tel financement : fin XVIIIe s. on lui a "pris" tous<br /> ses biens, bâtiments et terrains dont elle tirait le financement de ses activités. La commune tire maintenant de substanciels profits de ces ex-biens d'Eglise, profits qui sont bien supérieur à<br /> ce que lui coûte l'entretien des églises. Le financement des églises n'est donc pas du tout sur un pied d'égalité avec les autres cultes ou les maisons du peuple, qui n'ont été spoliés d'aucun<br /> bien propre.<br />
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