Pierre Hargot, vous êtes l’une des chevilles ouvrières des Amis de Sainte-Catherine. Aux dernières nouvelles, la désacralisation de Sainte-Catherine est-elle actée?

Aujourd’hui, l’archevêque Léonard n’a encore pris aucun acte de désacralisation. Savoir si la décision est entérinée reste un gros problème. Nous avons contacté dès le début du dossier vicariat de Bruxelles et Ville de Bruxelles. Les premiers contacts nous ont désarçonnés car les positions étaient floues. Rien n’est décidé mais on nous demande quand même de partir...

Qui est responsable de cette décision?

Ce 30 décembre, le président de la fabrique d’église Yvan Nobels a assuré noir sur blanc dans la presse que la décision a été prise par le vicariat de Bruxelles, donc par l’évêque Kockerols, et par le doyen Castiau. C’est une nouveauté. La fabrique d’église assure n'être pour rien dans cette décision qui semble irrévocable. Elle reste pourtant responsable légal des lieux puisque c’est elle qui en détient la clef.

Quelle réponse ces autorités religieuses vous proposent-elles?

Mi-décembre, nous avons rencontré l’évêque Kockerols et le doyen Castiau. Ils ont donc « fait leur devoir d’information ». Ils nous ont promis des solutions. Mais on attend toujours. On attend en fait une véritable discussion entre les différents intervenants. La Ville, les fidèles et les autorités religieuses. Et c’est surtout au niveau du clergé que ça coince : le débat est confisqué par l’archevêché de Malines-Bruxelles.

Les fidèles sont à la rue?

Dans les faits, en date du 20 novembre, il a été demandé à la paroisse catholique de déménager aux Riches Claires. Quant à la communauté orthodoxe, elle semble être sans domicile fixe...

Quelles sont vos intentions ?

Nous souhaitons introduire un projet alternatif à la halle aux fruits et légumes évoquée. Il s’agirait d’un centre œcuménique réunissant des communautés catholiques, protestantes et orthodoxes pour partager le lieu de culte et organiser là-bas des conférences et des ateliers.

Les paroissiens, comment réagissent-ils ?

Nous sommes des chrétiens de la base. Pour les paroissiens, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. Nous ne sommes pas des cathos renfermés, bien au contraire. Mais quand on voit le déni d’information dont les autorités religieuses, il est normal que les églises se vident...
 


Fruits et légumes, appartements... : 40 églises concernées

 

La halle aux fruits et légumes n’est donc encore qu’un mirage...

En droit canon, la désacralisation ne peut être autorisée que si l’Église est assurée que la nouvelle affectation n’est pas destinée à une activité inconvenante. C’est le texte. La fabrique d’église garde la main sur le dossier.


On parle aussi d’opposition des riverains du Marché au Poisson qui craignent les embouteillages ou les nuisances des transports de marchandises...

L’échevin de la mobilité Christian Ceux nous a déjà expliqué que la halle causerait davantage de problème dans un quartier fort saturé. L’échevin du tourisme Philippe Close explique de son côté que, si une étude est en cours chez Atrium, aucune incidence économique n’est encore disponible. Philippe Close avoue lui-même que «rien ne sera possible avant 5 ans et que l’église peut rester occupée 2 ans encore». Alors, pourquoi tant de précipitation à nous chasser?

Sainte-Catherine n’est pas seule dans le viseur...

Le dossier est top secret, mais nous savons, via les interventions de Charles Picqué au Parlement bruxellois, que 40 églises sont concernées par une désacralisation. Il y a le béguinage de Bruxelles, Saint-Jacques-sur-Coudenberg, Place Royale, Saint-Hubert à Boitsfort (des appartements de standing sont en projet), la Sainte-Famille à Helmet, à Schaerbeek... Il y a au moins 12 lieux de culte déjà dans la ligne de mire de l’évêché.