Un colloque réunissant plus de 300 personnes sur un sujet qui n’est pas a priori « grand public », peut être qualifié de réussi. Ce fut le cas pour celui qui s’est déroulé au Palais des Congrès de Namur ce vendredi 9 décembre où fabriciens, architectes, professeurs d’universités, représentants de communes ou simples amoureux du patrimoine religieux ont pu débattre autour du thème: « L’avenir des églises classées en Wallonie ». Un colloque organisé par la Région wallonne.
23% des biens classés en Wallonie sont des édifices de culte. La province de Liège en compte 121, le Hainaut 119, Namur 76, la province du Luxembourg en compte 46, enfin vient le Brabant wallon avec 41 lieux de culte classés. Parfois, c’est le bâtiment qui est classé; parfois son mobilier; parfois le site alentour. Mais que signifie « classer »? Classer, c’est donner une reconnaissance publique à un lieu, à un objet. C’est reconnaître l’exceptionnel ou le typique. Être propriétaire d’un bien classé entraîne des devoirs tels que l’entretien de ce bien, et en ce qui concerne les églises, c’est la fabrique d’église, gestionnaire du temporel du culte, qui a en charge la mission d’entretenir les édifices. Pour ce faire, elle pourra compter sur ses revenus propres, mais également sur des subsides communaux et régionaux. Ce patrimoine religieux qui a défié les siècles est pourtant aujourd’hui en péril. La diminution du nombre de prêtres, le manque de moyens financiers, la rationalisation des services d’église, le vol d’objets d’art, mais aussi la perte du sens du sacré et le sentiment de ne plus appartenir à une communauté de croyants sont autant de facteurs qui fragilisent la pérennité des lieux de culte.
Un bien classé doit vivre pour survivre
Tous les intervenants du colloque étaient bien d’accord sur ce point: la sécularisation a fait que les lieux de culte ne sont plus abordés par les gens de la même façon. Les croyants d’aujourd’hui pratiquent différemment de ceux d’hier et seulement 9% de la population va encore à l’église (chiffres de 2000). Il faut donc s’interroger sur ce que font les gens à l’église et pourquoi ils y vont. Car il y a beaucoup plus de personnes qui viennent visiter une église que ceux qui viennent assister à un office. De l’avis général, les églises doivent s’ouvrir afin d’intégrer en leur sein d’autres activités, souvent culturelles. Faire coexister culte et culture, c’est peut-être là que le patrimoine religieux, classé ou non, aura un bel avenir devant lui. Par l’ouverture des lieux de culte et leur utilisation plus large respectant leur affectation première, les citoyens doivent se réapproprier leurs églises. Des initiatives existent comme la Fondation Églises Ouvertes qui, par un dynamisme et un accueil sans pareil, stimule les paroisses, ouvre les églises et propose aux visiteurs de découvrir un patrimoine parfois exceptionnel, souvent attrayant, mais qui mérite toujours l’engagement de tous pour sa conservation.
Sylviane BIGARÉ
Photo: Eglise classée St Mengold à Huy.