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La « désaffectation » de cette grande église du centre-ville cristallise les difficultés liées à la conservation des nombreux édifices de culte de la capitale belge.
La paroisse catholique a dû rejoindre celle d’une église voisine, mais la communauté roumaine orthodoxe qui y était aussi accueillie n’a pas encore trouvé un autre lieu.
Emblématique du débat en cours sur la place des églises dans la cité bruxelloise, une polémique a débuté l’été dernier à Bruxelles, à l’annonce de la prochaine désacralisation de l’église Sainte-Catherine.
Situé au beau milieu du centre historique, ce grand édifice néo-gothique construit à la fin du XIXe siècle est classé, mais en mauvais état. Parce qu’il coûte trop cher par rapport à sa fréquentation, la commune de Bruxelles (responsable financièrement de l’entretien du bâtiment) envisage de le transformer en marché couvert de fruits et légumes.
Maitien d’un lieu de culte plus modeste
Pour le diocèse de Bruxelles, qui mène depuis quelques années une réflexion sur l’avenir de l’ensemble des églises du centre, « cette option n’a pas été prise sans peine, mais elle a été réfléchie » . Elle devrait impliquer le maintien sur place d’un lieu de culte, certes plus modeste, mais permettant aux passants de se recueillir et de trouver une aire de repos, de silence et de ressourcement.
Cette annonce a cependant provoqué une mobilisation sans précédent. L’association « Les amis de Sainte-Catherine » s’est formée pour défendre contre vents et marées l’affectation au culte de cet important édifice, avec un blog sur Internet, une pétition (qui a recueilli plus de 7 000 signatures), des permanences et relais d’adoration du Saint Sacrement durant tout le mois de décembre, plaidant « pour le maintien et le développement d’une vie spirituelle et culturelle œcuménique » dans l’église. Œcuménique, car l’église accueillait aussi depuis 2000 le culte de la communauté roumaine orthodoxe de Bruxelles.
Décision maintenue malgré une forte mobilisation
Mais, malgré le grand retentissement médiatique de ces actions, la décision de fermeture au 31 décembre 2011 a été maintenue et respectée. Et la paroisse catholique a rejoint le 1er janvier celle d’une église voisine.
En revanche, les orthodoxes roumains n’ont pas encore trouvé de lieu pour les accueillir. Dimanche 1er janvier, le P. Georges Palade, responsable de cette communauté, a officié sous l’échafaudage à l’extérieur de l’église fermée. Il critique, sur le fond comme sur la méthode, le « lâchage » de Sainte-Catherine par la hiérarchie catholique.
« Nous avons été pris de court et nous sommes tristement surpris. C’est bien beau de parler d’œcuménisme, mais il faut des gestes concrets. Si l’Église catholique abandonne un bâtiment, pourquoi ne pas permettre à un autre culte de le reprendre ? Quarante églises risquent ainsi d’être désacralisées à Bruxelles. N’y a-t-il vraiment nulle part une place pour nous ? »
Une solution en vue pour les orthodoxes
Selon le P. Claude Castiau, doyen catholique de Bruxelles-Centre, une solution pour les orthodoxes est pourtant en vue dans une autre église proche. Il reconnaît le besoin exprimé par chaque communauté de pouvoir suivre la messe dans sa propre tradition et langue, mais il se veut pragmatique.
« Il faut regarder la réalité en face et faire preuve de civisme, explique-t-il. À Bruxelles, où cohabitent beaucoup de communautés et religions diverses, nous ne pouvons plus vivre sur les privilèges du passé. Notre objectif est de reconstituer des unités pastorales plus petites, mais vivantes, au cœur de la cité. »